Bolle Catherine

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La nature saisie sur le vif, en croquis rapides et synthétiques. Cette promptitude à figer une vision, à concevoir le cadrage, les éléments de tension et de surprise, se retrouvent dans son travail comme un leitmotiv. Longue concentration avant de coucher sur le papier ou d’inscrire dans le cuivre le jet rapide et vigoureux. Les paysages imprègnent son œuvre, berges, roseaux, rochers et frondaisons, mais transposés, décalés, lisibles en filigrane.

La nécessité impérieuse de se consacrer à l’art s’impose sitôt sa formation achevée. De ce technicum en chimie organique lui reste une profonde connaissance des matériaux, des encres et pigments, un goût prononcé pour les techniques, les machineries, un intérêt marqué pour la collaboration avec d’autres corps de métier, l’amour de ces contacts fructueux. De là découle son ouverture à l’estampe, au livre d’art, à la sculpture. Là prennent naissance ses expérimentations au sein de l’atelier Raymond Meyer à Pully.

Porter les techniques de la gravure en trois dimensions. De cette réflexion naissent les sculptures de verre acrylique, plaques assemblées en volume. L’échelle se modifie, les instruments changent pour ceux du sculpteur. L’intention transposée ne se dilue pas, garde sa substance. La pointe sèche et le burin, l’eau-forte et l’aquatinte font place à la perceuse, à la fraise, à ces extrémités faites pour entailler, fouailler, mordre le plexi, le bois ou la pierre. Engagement physique. Carnet de croquis, puis journal gravé. La plaque de verre acrylique, légère à transporter, devient le récipiendaire de ses états d’âme.

Nouveaux espaces gravés. La spatialité investit l’estampe, se fixe dans le papier. Confrontation entre deux plaques, l’une d’aquatinte et d’eau forte subtilement travaillée, l’autre vigoureusement creusée par la pointe sèche; profondeur du bleu outremer, éclat de l’oxyde de fer. Rupture dans la mise en page. Projection d’une plaque en avant, comme détachée de sa base, perspective flottante. La séquence des trois gravures cerne une démarche nouvelle, un champ de recherche qui trouve ici son premier et superbe aboutissement. Le triptyque en fournit la clef de lecture. Paysage aquatique et sa berge, bloc hiératique flottant dans l’espace, pierre philosophale de quelque “2001 l’Odyssée de l’espace”, énigmatique ouverture sur l’infini. Le tracé enfantin, la légende du “découper d’après le traitillé” renvoie à ces maquettes de carton que l’on essaie d’assembler, enfant, à ces premières tentatives de conquérir l’espace.

Yves Callet Molin