Simonin Francine (*1929/+2020)

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(*1929/+2020) Faille, taille, entaille, de quelle saison est votre peine lorsque vous enclavez ce qui se presse, dans l’heure ou la minute, à votre esprit? La survivance est à ce prix: besogner la plaque, y faire courir la fièvre, la mater par cette impérieuse nécessité de vaincre. Une guerre de tranchées ouverte à chaque fois; plaies gorgées d’encre qui ne demandent qu’à s’épancher sur le papier. La plaque est le lieu du souvenir en même temps qu’une échappatoire. Glissez mortels, n’appuyez pas, la création vient, elle aussi, à son heure. On a tôt fait d’oublier le maelström des tourments alors que l’artiste y puise communément sa sève. Un pontage marque une césure. Puis la vie vibrionnante reprend son cours. Sages, les images de Francine Simonin ne l’ont jamais été. Elles sont l’étalon-or d’un langage exigeant aux apparentes discordances. A force de tracés de plus en plus irréprochables, le calligraphe japonais va son chemin vers la béatitude. Simonin, elle, fait claquer le fouet, organise la sédition, mobilise toutes ses ardeurs pour hypnotiser le regard, distillant une petite musique qui se perd dans nos veines, nous rendant captifs et interdits devant tant de maîtrise et d’émotions. Le cumul des peines et de ce qui reste à dire se solde parfois par une victoire. Nous en sommes les témoins.

Jacques Dominique Rouiller